Histoire du Uechi-Ryu

L’origine du Uechi Ryu

Shushiwa (1874-1926) Le Uechi Ryu tient son origine d’une boxe chinoise qui s’appelait Pangainoon (Han Kou Nan). Cette discipline était enseignée par SHU Shiwa (1874-1926) dans la ville de Fuzhou, capitale de la province de Fujian en Chine. En novembre 1983, le rapport envoyé à la maison mère du Uechi Ryu par l’Association des Arts Martiaux de la Ville de Fuzhou mettait en évidence que SHU Shiwa était un moine taoïste issu d’une famille noble et riche. Il était de grande taille, doté d’une énorme force, artiste peintre et excellent calligraphe. Expert en différentes techniques martiales créées à partir des mouvements d’animaux tel que dragon, grue, etc., il était surtout un remarquable spécialiste des poings du tigre. Il prit UECHI Kanbun (1877-1948) comme disciple en 1897 quand celui-ci arriva à Fuzhou à l’âge de 20 ans.

Le voyage de UECHI Kanbun

Uechi Kambun (1877-1948) UECHI Kanbun naquit en mai 1877 à Izumi dan la région de Motobu au nord d’Okinawa. Il était le fils aîné d’une famille de samourais (guerriers) qui avait adoptée une vie rurale. Deux mois avant ses 20 ans, en mars 1897, il partit en Chine par refus du service militaire japonais et pour assouvir son désir d’apprendre la culture chinoise, tout particulièrement d’en maîtriser un art martial. Bien qu’Okinawa s’était insérée dans le Japon moderne depuis 1879, les liens étaient encore très forts avec la Chine pendant la jeunesse de Kanbun. Il y eut beaucoup de jeunes gens qui traversèrent clandestinement la mer de Chine, pour diverses raisons puisque la Chine était culturellement la mère d’Okinawa et y avait aussi de grands intérêts économiques. Okinawa fut le Royaume des Ryukyu jusqu’en 1879 où il devint une préfecture du Japon, mais le pays restait plus influencé culturellement et sentimentalement par la Chine que par le Japon. Après une dizaine de jours de voyage clandestin sur un minuscule voilier okinawaïen, Kanbun arriva en Fujian à la fin du mois de mars 1897, et y joignit la communauté okinawaïenne. Il la quitta rapidement, puis fit la rencontre de SHU Shiwa qui l’entraîna à la boxe chinoise Pangainoon pendant 10 ans. En même temps il apprit de ce même maître la pharmacopée chinoise qui lui permit de gagner sa vie en Chine. Kanbun resta au total 13 ans en Chine. Accédant à la demande de son maître SHU Shiwa, il enseigna le Pangainoon Kenpo (la façon de boxe) en Fujian pendant les 3 dernières années de son séjour.

Le retour de Kanbun dans son pays natal

Kanbun rentra à Okinawa en février 1910 après avoir arrêté son enseignement en raison d’un incident malheureux pendant lequel un des ses élèves tua son adversaire en utilisant le Kenpo. La dispute portait sur de l’eau alors que la campagne vivait une période de sécheresse. Ce triste incident marqua très fortement Kanbun, et il n’enseigna à personne ce qu’il avait appris en Chine. Pourtant sa réputation à Okinawa était devenue grande par l’intermédiaire de commerçants chinois qui le connaissaient, comme par exemple, GO Kenki (1886-1940) et qui voyageaient à Okinawa. Kanbun vécu les 14 ans qui suivirent son retour à Okinawa dans son village natal. En 1924, il partit pour la province de Wakayama au Japon pour le travail. Enfin en 1926 il finit par y enseigner sa boxe chinoise sous le nom de Pangainoon Karate Jutsu (technique de main vide) se pliant à la volonté de ses amis okinawaïens. Depuis son retour de Chine, Kanbun avait gardé le silence pendant 16 ans pour ne pas enseigner ce qu’il y avait appris. Ce silence nous montre que dans l’ancien Okinawa les maîtres de Karaté n’ont pas enseigné facilement sans motif et que le Karaté était toujours un art secret familial dont l’enseignement était interdit au public.

Le successeur de Kanbun

Uechi Kanei (1911-1991) Le fils aîné de Kanbun, Kanei UECHI (1911-1991) le rejoignit à 16 ans en 1927 pour travailler à Wakayama, et commença à pratiquer le Pangainoon Karate Jutsu avec son père. Après une longue année de travail intensif, il lui succéda. Kanei enseigna à Osaka de 1940 à 1942. En 1940 il changea le nom du style en Uechi Ryu Karate Jutsu (technique de main vide du style Uechi) car le mot chinois Pangaïnoon n’était pas familier pour les Japonais et il voulait honorer le nom de son père pour le remercier de ses énormes efforts pour avoir amené de Chine à Okinawa une discipline de self défense. Kanei retourna à Okinawa en 1942, et enseigna le Uechi Ryu Karate Jutsu à Nago, une ville située au nord d’Okinawa. C’est-à-dire que ce style qui fut ramenéde Chine à Okinawa en 1910 ne réapparut à Okinawa qu’en 1942 après une longue absence de 32 ans. C’est pour cette raison que le Uechi Ryu Karate y était appelé le Karaté fantôme jusqu’au milieu des années 1960. Personne ne doute la popularité de ce style à présent. Kanei a changé le nom Uechi Ryu Karate Jutsu en Uechi Ryu Karatedo (la voie de main vide) en 1957. On peut dire que le prédécesseur du Uechi Ryu Karatedo est SHU shiwa, que le fondateur est UECHI Kanbun, et que le restaurateur est UECHI Kanei. Surtout que ce dernier a voué sa vie au développement et à la diffusion de ce style. Il a fait évoluer la pédagogie d’enseignement pour que les débutants puissent apprendre facilement. Ainsi, il a créé des techniques de base (Hojo Undo), le Yakusoku Kumite (techniques de combat préparées), le Bunkai (les applications de kata) et de nouveaux katas afin qu’on puisse apprendre progressivement. Ce développement pédagogique de Kanei était sans doute révolutionnaire dans les années 1940 et 1950. Dans les années 1960, tous les grands maîtres de Shurite (école de Karaté de la région Shuri) et Nahate (école de Karaté de la région Naha) étaient opposés aux compétitions. Kanbun prit l’initiative et commença la compétition en 1968 en ouvrant la porte à tous les styles. Et il continua cette manifestation tous les ans. Quand on voit la grande fréquentation à toutes les sortes de compétions à Okinawa en ce moment, l’esprit novateur et la contribution de Kanbun ne doivent pas être oublié dans l’histoire du Karaté okinawaïen. Kanbun contribua non seulement à la diffusion mondiale de Uechi Ryu, mais il présida longtemps la Fédération de Karatedo à Okinawa, et il eut un grand rôle pour faire comprendre et accepter le Karaté dans la société, et approfondir l’amitié entre les styles. La Fédération du Karatedo d’Okinawa lui remit le 10éme dan en 1977, et la ville de Ginowan lui remit le prix spécial d’honneur en 1983 pour sa contribution à la diffusion d’un Karaté sain 5.

La famille UECHI.

Uechi Kanmei (1941-) Après le décès de Kanei en 1991, la 3ème génération de Uechi-Ryu a été représentée par le fils aîné, Kanmei UECHI (1941-2015). A Okinawa, souvent appelé le berceau de Karaté, la famille Uechi est exceptionnelle, avec une succession du grand père au petit fils. Kanbun avait deux fils dont Kanei le fils aîné à Futenma, et Kansei le cadet à Nago, qui étaient de véritables experts en Karaté Uechi-Ryu. Kanei, le fils aîné du fondateur, a eu trois fils qui s’entraînent depuis leur enfance. Kanmei, le petit fils aîné du fondateur, a aussi trois fils qui sont tous talentueux en Karaté. Comme son fils aîné, Kanshô (1971-) a deux fils, la transmission du Uechi Ryu continuera du fondateur aux descendants pendant plusieurs générations, fait très rare à Okinawa, quand bien même considéré comme le berceau de Karaté.

L’actuel dojo de Futenma  Shimabukuro sensei 8e DAN et Toyama sensei 10e DAN, le dernier élève vivant de uechi Kambun

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  • Littérature

    Livre: « Uechi-ryu Karate-do » de Sensei Shimabukuro Yukinobu

    Livre Uechi Ryu Karate Do

    Enfin paru, il s’agit du premier ouvrage en France sur le Uechi-ryu et en Français. Réalisé par sensei Shimabukuro Yukinobu, 9ème dan Uechi-ryu shubukan, représentant du Uechi-ryu en Europe par le soke Uechi-ryu. Ce recueil nous livre l’histoire du karaté, du Uechi-ryu mais aussi l’histoire de sensei Shimabukuro lui-même, racontée de façon très modeste avec beaucoup d’humilité.

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